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ÉCRIRE L'HIVER XXVI

Photo du rédacteur: Emmanuelle CordolianiEmmanuelle Cordoliani

Quelques âmes généreuses se sont consternées de la prise d’assaut du foyer de l’Opéra comique pour la création de la Cantate Nettoyer le Matin. Je les remercie de leur intérêt manifeste. Une autre opération concernant notamment mon écriture pour les compositeurs se déroule le 13 février prochain à 17 h, dans la même boutique. Dans le cadre du colloque Prima le Parole, sur les librettistes. La joie de le coorganiser avec Agnès Terrier et Christine Rodriguez, se double de celle d’y faire la communication chantée suivante :

« Un livret, deux compositeurs : ménage à trois pour Peau d’âne ? »
Avec Damien Lehman et Romain Dumas (compositeurs) , Lucas Pauchet (ténor)  et Romain Dayez (baryton) (Lire la biographie)

 

Par ailleurs, pour reprendre le sujet de la raréfaction du Journal des Saisons (1), je rencontre deux perspectives. La première est le modus operandi de Pierre Vinclair, pour l’œuvre de qui j’ai une vive admiration. Par intermittence, il tient un journal dans son atelier en ligne et j’ai cru comprendre récemment que la raison en était la suivante : quand il écrit, le journal s’espace jusqu’à disparaître et quand il prépare un écrit, qu’il tourne autour de sa forme, le journal connaît une publication soutenue. Il réfléchit en ce moment à un projet autour de la Révolution française et (se et nous) pose tranquillement les questions simples et indispensables : pourquoi et comment écrire sur un sujet dont on n’est pas le spécialiste ? (La révolution et la moyenne) Quelle forme donner à cela ? (Virage vers l’ode) Le lire me convainc d’accepter qu’il faut un temps pour écrire sans regarder comment, quoi ni pourquoi et un autre pour décrire ce qui voudrait s’écrire ou s’est écrit. Je sais depuis longtemps que l’endroit depuis lequel on voit le moins bien la scène du théâtre, c’est la scène du théâtre. Une fois encore, il s’agit d’étendre à l’écriture le bon sens ailleurs glané.


Deuxième perspective de la raréfaction, le court roman Encabanée de Gabrielle Filteau-Chiba.

La mémoire se cultive comme une terre. Il faut y mettre le feu parfois. Brûler les mauvaises herbes jusqu’à la racine. Y planter un champ de roses imaginaire, à la place.

L’objet traînait dans ma bibliothèque depuis un an. Il m’était tombé des mains à la première tentative. Je tiens pour certain que la trop grande proximité de l’autrice avec son personnage m’avait détournée de quelque chose de plus substantiel… La relation à l’hiver, au froid, sa signification profonde pour moi et ses conséquences qu’il est grand temps d’assumer. Cette fois-ci, je m’étais suffisamment éloignée de ce que m’avait raconté l’être charmant et bien intentionné qui m’avait offert le livre et je me suis prise à me demander s’il n’avait pas été écrit sans bouger d’un appartement bien chauffé de Montréal, ou pour le dire autrement, s’il n’était pas purement fictionnel. Par ce biais, l’engagement du personnage dans cette quête de la décroissance m’a beaucoup mieux parlé. La littérature engagée me donne l’impression de ne pas voir plus loin que le bout de mon nez, comme si le livre était collé à mes yeux. Dans le meilleur des cas. Dans le pire, elle me rappelle les publireportages des magazines ou le placement de produits dans les films.


À vrai dire, ce n’est pas vraiment ce Journal qui se raréfie, mais son édition hivernale. Venue d’un pays de marmottes, je comprends enfin la forme d’activité parallèle qu’est l’hibernation. Les semences sommeillent, la température baisse à l’intérieur des corps et tout est ralenti. C’est l’occasion de retrouver la tête froide et patiente, de penser hors du feu, de voir loin en dedans avec les yeux fermés. Il y a soudain et pour longtemps, du temps à l’intérieur du temps, comme un grain au chaud dans la terre. 

Dans le mot HIVER L’H et le V soufflent Sur les doigts gelés Quant au E, il naît De la buée blanchie du I Dans l’R de la fin

 



 

1.   C’est François Bon qui appelle ce journal ainsi. Je lui ai donné le titre plus pompeux, mais moins clair d’Écrire l’Année

1 Comment


Françoise Renaud
Françoise Renaud
il y a 6 jours

je me retrouve bien dans tes dernières lignes à propos de la mise en sommeil, période parfaite pour voyager à l'intérieur des mémoires "à cultiver comme une terre" oui bien sûr... guetter le réchauffement sous la pellicule d'herbe malmenée par les gelées, déjà songer à faire mes semis d'aubergines et de poivrons, ils sont longs à venir, et le soir guetter les craquements du feu

je suis tes pages rouges, Emmanuelle, et ton courage à tenir ton "Écrire l'hiver" (je suis nettement plus paresseuse que toi !)

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